Dans le cadre du Forum pour les Pouvoirs du Son dans l’Industrie 2022, Ircam Amplify présente le sujet des mobilités douces et leur place dans notre environnement sonore. La pollution liée à nos déplacements est d’une part atmosphérique, mais également sonore. Les sons qui nous entourent se lient donc à une approche écologique ; quelle place conférer au son artificiel ajouté à notre écosystème ? Comment transformer le bruit en son du quotidien ?
Vivre avec le bruit
Avant toute chose : qu’est-ce que la mobilité douce ? Le terme désigne simplement les moyens de déplacement à consommation énergétique moindre (des trottinettes aux voitures électriques, en passant par les transports en commun). Même dans un contexte écologiquement responsable, la mobilité génère plus ou moins de bruit, qu’il faut apprendre à moduler.
Nous avons tous été confrontés au bruit du passage d’un train, une nuisance sonore pour les riverains. Pour répondre à ce type de problématiques, la SNCF travaille à une meilleure prévention du passage des trains. Françoise Dubois, Animatrice du réseau Synapses SNCF, décrit quelques champs d’action auxquels travaillent près de 500 chercheurs. L’objectif : une meilleure acceptation sociétale du bruit ferroviaire, avec des stratégies de diminution du bruit, développées en lien avec le Laboratoire du Mans (LAUM).
Les marges de manœuvre demeurent faibles pour les transports en commun, mais aussi pour les déplacements individuels. C’est la raison pour laquelle des centres de recherche sont sollicités par les industriels pour penser de nouvelles façons d’appréhender le bruit. L’Ircam fait notamment appel aux professionnels du son ; artistes, compositeurs et sound designers. Confronter l’art et la science permet d’imaginer des réponses novatrices aux questionnements posés par les mobilités douces.
Si le temps de la recherche est long, il n’en est pas moins à l’origine d’un changement de génération sonore. Réduire la nuisance sonore est une chose, mais créer des sons avec lesquels vivre en est une autre.
Créer un paysage sonore
Lorsque l’on parle de design sonore, les sons se divisent en deux catégories : les sons non intentionnels (comme ceux que nous venons d’évoquer) et les sons intentionnels. Ceux-ci sont ajoutés artificiellement pour s’intégrer pleinement dans notre paysage sonore.
Il est effectivement parfois nécessaire d’ajouter des sons à des objets pour les rendre plus sécuritaires. C’est le cas de la ZOE. La voiture électrique de Renault pose la question d’un objet silencieux dans un environnement urbain, le rendant pratiquement transparent aux piétons. Nicolas Misdariis, Directeur-adjoint STMS Lab (UMR Ircam, CNRS, Sorbonne Universités, Ministère de la Culture) et responsable de l’équipe Perception et design sonores, décrit le travail réalisé par son équipe pour donner une voix, une prosodie au véhicule. Et surtout, l’adapter à notre écosystème.
L’automobile est un domaine très représentatif de l’évolution des sons quotidiens. Le son des moteurs thermiques bruyants, les plus répandus il y a une trentaine d’années, fait désormais partie de notre histoire. Aujourd’hui, nous sommes dans une transition vers les véhicules électriques, rendant nos rues plus silencieuses. Il est possible que dans 30 ans, le paysage sonore soit encore différent. Le temps de la recherche et de son application par les industriels s’inscrit dans le temps long, comme l’explique Nicolas Misdariis pendant le forum.
La recherche va plus loin que la dissociation entre mobilité et nuisance sonore. Il est aujourd’hui question d’Interaction Humain-Machine (ou IHM) en rendant notre environnement audible.
Dialoguer avec les sons
L’IHM est une tendance lourde dans l’automobile, notamment avec l’intégration d’assistants vocaux dans l’habitacle. Mais la voix n’est pas le seul moyen de communication. Les solutions de sonification permettent de transmettre des informations non verbales (un son d’allumage ou un signal de recul par exemple), pour une interaction plus universelle avec le véhicule. Cependant, Nicolas Misdariis met en garde : on ne met pas n’importe quel son sur n’importe quel objet. La personnalisation des interactions se fait avec parcimonie, pour conserver un son distinctif et propre à la marque et à l’objet.
Pour les transports en commun, c’est évidemment la voix SNCF qui porte l’identité sonore. Au milieu des sons quotidiens des gares (le crissement du train qui entre en gare, les bips des portiques, les conversations…), la voix de Simone Hérault apporte un caractère spécifique, unique et qui signe chaque annonce de la SNCF. Une voix si caractéristique qu’elle a d’ailleurs été numérisée pour être utilisée sur des canaux différents et étendre l’identité SNCF hors des gares.
Les interactions avec le paysage sonore sortent même du cadre purement physique. Les interfaces permettent de profiter de ces sons si familiers pour prolonger l’expérience des voyageurs.
Mobilité douce : comment le son va remplacer le bruit ?
Dans le cadre de la Semaine du Son, l’Ircam et la SNCF ont partagé leurs expertises. Accédez au replay du Forum pour les Pouvoirs du Son dans l’Industrie pour en savoir plus.